Plongée dans l’économie numérique : retour sur le 21ème séminaire de Fratel à Lomé

Juil 3, 2024 | Actualités

Lomé, au TOGO, a accueilli le 21ème séminaire de Fratel, le réseau des régulateurs francophones des télécommunications, les 21 et 22 mai 2024. L’événement était organisé par le régulateur national togolais ARCEP-TOGO et le régulateur national congolais ARPCE, président en exercice de Fratel. Le séminaire a accueilli 18 membres de Fratel, dont ILR, le partenaire technique pour les cycles francophones d’iPRIS, SPIDER, et divers acteurs du secteur. Le thème du séminaire était « L’économie de la donnée et le paiement mobile : quels sont les enjeux de régulation techniques et économiques?

Avec l’accélération de la numérisation, l’accès et l’échange des données sont devenus cruciaux pour le développement économique et social. Il est essentiel de créer un environnement sécurisé pour encourager le partage et l’utilisation efficace des données, notamment par l’accès ouvert. Parallèlement, l’augmentation spectaculaire de la production de données a stimulé le développement des infrastructures de stockage et de traitement de données, en particulier via le cloud, à l’échelle mondiale.

Dans un monde où chaque clic, chaque transaction génère une avalanche de données, comprendre et réguler ce flux devient essentiel. Le séminaire a débuté par une présentation inspirante de Mme Cina Lawson, la dynamique ministre de l’économie numérique du Togo. Elle a captivé l’auditoire avec une vision convaincante de la transformation digitale du Togo, mettant en lumière des initiatives révolutionnaires qui établissent de nouvelles normes dans la région.

Cina Lawson, Ministre de l’Economie numérique, Togo. ©

Le séminaire a été structuré autour de trois panels principaux chacun abordant des aspects cruciaux de la régulation dans l’économie numérique.

Développement de l’économie des données

Le premier panel s’est concentré sur les enjeux liés au développement de l’économie de la donnée, un sujet essentiel dans notre ère numérique. L’économie de la donnée ou “data economy” fait référence à l’ensemble des activités économiques et des processus qui reposent sur l’exploitation des données. Elle englobe diverses pratiques, technologies et modèles d’affaires centrés sur la collecte, l’analyse, le partage et l’utilisation des données pour créer de la valeur.

Ce premier panel, présidé par Marc SAKALA, Directeur Général de l’ARPCE de la République du Congo, fut introduit par David Guitton, Avocat chez Jones Day.

Comme l’a astucieusement noté David Guitton, “L’économie de la donnée implique une valorisation de la donnée. C’est l’utilisation de la donnée qui détermine leur valeur”.

Il a mis l’accent sur l’importance pour l’État de fournir un cadre technique et légal régissant l’accès aux données et un cadre réglementaire permettant l’accès aux données entre acteurs (associations, labels, groupements…).

Mme Laure de la Raudiere, Présidente de l’ARCEP France, a mis l’accent sur l’importance pour l’Europe de faire en sorte que la transformation numérique profite aux citoyens et aux entreprises européennes.

Après avoir exploré les aspects fondamentaux de l’économie de la donnée, le séminaire a progressé vers le deuxième panel qui s’est penché sur un thème tout aussi crucial : “Quelles interventions publiques pour remédier aux potentielles défaillances du marché du stockage et de traitement de la donnée. “

Marché du stockage et de traitement des données : quelles politiques publiques?

” Le marché de stockage et de traitement de données fait référence à l’ensemble des services, technologies et solutions qui permettent aux entreprises et aux organisations de stocker, gérer et traiter leurs données de manière efficace et sécurisée. Il fut présidé par Luc TAPELLA, Président de l’ILR (Luxembourg). Dans son introduction de la session, Madame Rihab RABBAJ, Analyste chez Cullen International, a mis en lumière notamment les aspects fondamentaux et les défis liés aux services de cloud computing.

Parmi les intervenants, Daniel ANOUGBA, Chef de services “Partage d’infrastructure et accès” à RTCI Côte d’Ivoire, a mis l’accent sur les défaillances du marché du traitement des données, les initiatives prises et les perspectives d’avenir dans sa présentation.

Achille HUNYO, Ingénieur Superviseur de services et de productivité chez Ecobank, a fait une présentation sur les interventions publiques pour remédier aux potentielles défaillances du marché du stockage et du traitement de la donnée.

Jean Francis AHANDA, Directeur Général DATA CENTER services chez ST digital, a souligné : “Il est aujourd’hui acquis que la massification des données produites et leur circulation révolutionnent l’économie. À la fois actif stratégique, outil de décision, d’action et de production pour l’entreprise, la donnée est à l’origine de nouveaux processus décisionnels, de stratégies d’alliances inédites entre entreprises de secteurs distincts, tout autant qu’elle provoque de nouveaux affrontements entre acteurs économiques.” En savoir plus

Après avoir acquis une compréhension claire des défis et des interventions nécessaires dans le marché du stockage et du traitement de données, le séminaire a ensuite mis le cap sur un sujet d’actualité brûlante : les paiements mobiles.

Les paiements mobiles : Partage d’expériences

Ce troisième panel a été l’occasion d’échanger des expériences et des perspectives mettant en lumière comment cette technologie révolutionne les transactions financières et favorise l’inclusion économique. Les paiements mobiles font référence aux transactions financières effectuées à l’aide de dispositifs mobiles tels que les smartphones et les tablettes. Ils permettent aux utilisateurs d’acheter des biens et des services, de transférer de l’argent et de gérer leurs finances via des applications ou des services mobiles.

Guidé par le perspicace Vinyo CAPO, Directeur des marchés et de la réglementation des données à l’ARCEP TOGO, le troisième panel s’est plongé dans le monde en pleine évolution des paiements mobiles. Mawuli COUCHORO a ouvert la voie avec une introduction percutante mettant en lumière à la fois les immenses opportunités et les formidables défis que présente cette technologie.

Cela fut suivi par les interventions de :

Régis ONDO MORO, Directeur des Marchés à l’ARCEP GABON, qui a souligné :

Il est à noter que le Mobile Money permet une plus grande inclusion financière des populations par sa capacité à proposer des services financiers, notamment en zones rurales, permettant ainsi de réduire les inégalités.”

Madame Fatou Gueye, Adjointe au Directeur des Moyens et Systèmes de paiement à la BCEAO, a cité durant son exposé des exemples d’initiatives dans certains pays comme : offrir des accès gratuits à certains services essentiels (le cas en Afrique du Sud), promouvoir des offres de données à prix réduit pour les utilisateurs à faible revenu (cas de l’Inde), déployer des points d’accès wifi gratuits (cas du Kenya).

M. Sefa HUSUNUKPE, Directeur Mobile Money chez Togocom, a présenté de façon succincte un tableau de l’écosystème du paiement mobile au Togo. Selon lui, les offres disponibles sont encore insuffisantes à cause d’un certain nombre de défis à savoir : la préférence des usagers pour la liquidité, l’alphabétisation limitée et le faible niveau d’éducation financière, l’identification des usagers, la sécurité des usagers, le cloisonnement de l’écosystème.

Achille Tefong VAUMI, Responsable de l’Engagement Marché Programme Mobile Money Afrique Francophone à la GSMA, a fait une présentation sur le Mobile money, son aperçu global avec des chiffres étayant sa croissance globale en Afrique et la position de la GSMA par rapport à l’interopérabilité dans le Mobile money. L’interopérabilité dans le domaine du mobile money désigne la capacité de différents systèmes de paiement mobile et réseaux financiers de fonctionner ensemble de manière transparente. Cela permet aux utilisateurs de transférer des fonds, d’effectuer des paiements et de recevoir de l’argent entre différentes plateformes de mobile money, banques et autres services financiers.

En conclusion, le séminaire du Fratel à Lomé n’a pas seulement été une plateforme d’échanges intellectuels mais aussi une occasion pour SPIDER et l’ILR d’échanger avec les régulateurs qui participeront au premier cycle francophone d’iPRIS, qui débutera par une formation au Luxembourg en septembre prochain.

En plus des panels de haut niveau, les participants ont visité le siège de l’ARCEP Togo et ont été impressionnés par leur capacité de collecte et d’analyse des données ainsi que par la disponibilité des données pour le grand public. La culture togolaise a elle aussi été au rendez-vous.

Fratel, réseau francophone de la régulation des télécommunications créé en 2003, a pour objectif de contribuer aux efforts de formation et de collaboration entre ses membres. En 2024, la présidence de Fratel est assurée par l’ARPCE Congo, et en 2025 elle le sera par l’ARCEP Gabon.

 

 

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