Pourquoi investir dans les régulateurs télécoms ? Parce qu’ils sont les gardiens invisibles d’un futur numérique équitable. Sans eux, pas de concurrence saine, pas de protection des consommateurs, pas d’innovation durable.

Du 6 au 24 septembre 2025, le  Luxembourg accueille la deuxième cohorte francophone d’iPRIS, un programme unique qui réunit régulateurs africains et européens autour d’un même objectif : combler la fracture numérique et bâtir une connectivité plus inclusive et durable.

Soutenu par l’Union européenne, la Suède et le Luxembourg, et mis en œuvre par SPIDER en partenariat technique avec l’ILR, iPRIS va bien au-delà d’une formation. C’est une plateforme de coopération où s’échangent expériences nationales, savoir-faire technique et visions partagées.

Pourquoi les régulateurs des télécoms en Afrique ?

En Afrique, la fracture numérique demeure l’un des plus grands obstacles à une croissance inclusive. Aujourd’hui, seuls 36 % des Africains sont connectés, contre une moyenne mondiale de 67 %. Plus de 570 millions de personnes en Afrique subsaharienne n’ont toujours pas accès à l’internet mobile. Et le coût reste l’un des plus élevés au monde : dans certains pays, 1 Go de données représente jusqu’à 10 % du revenu mensuel, bien au-delà de l’objectif de 2 % fixé par l’ONU.

Face à ces défis, investir dans les régulateurs n’est pas un luxe mais une nécessité. Ce sont eux qui garantissent une concurrence loyale, protègent les consommateurs, gèrent des ressources rares comme le spectre, et créent l’environnement dans lequel l’innovation peut réellement s’épanouir.

En renforçant la solidité et l’indépendance des régulateurs, on renforce les bases mêmes de la transformation numérique du continent.

iPRIS : Le renforcement des capacités

Le programme iPRIS répond à ce besoin crucial en renforçant les capacités des régulateurs. Pendant trois semaines à Luxembourg, les régulateurs africains des télécoms issus de sept pays de l’Afrique francophone: l’ART Cameroun, l’ARCEP Gabon, l’ARPT Guinée, l’ORTEL Guinée Équatoriale, l’ARCEP Bénin et  l’ARCT Burundi et l’ARPTC RDC. Les trois délégués de l’ARPTC ont suivi en ligne et présenté leur initiative de changement.

Ensemble, ils traduisent des défis techniques complexes en réformes concrètes à travers leurs initiatives pour le changement. Ils explorent aussi de nouveaux outils de gestion et suivi de projets aux objectifs SMART.  Le renforcement des capacités assure la mise en œuvre effective des initiatives transformantes tenant compte des réalités prévues ou imprévues de l’Afrique.

Comme le rappelle Malena Liedholm Ndounou de SPIDER:

« La gestion des projets, c’est la gestion des imprévus. »

Pour Guy Mahowald, le chef de services des fréquences chez l’Institut Luxembourgeois de Régulation (ILR) :

Investir dans les études techniques auprès des régulateurs télécoms, c’est un levier crucial qui assure l’équité, guide les négociations avec d’autres acteurs et réduit les brouillages.

Vers un avenir inclusif

Au-delà des sessions d’apprentissage entre pairs, iPRIS construit un réseau  de coopération comme témoigne Mme Bernice Edande Epse Otye Owona (ARTAC)  :

Derrière chaque échange et chaque règlement, une conviction : des institutions fortes font la différence entre une fracture qui se creuse et un avenir numérique partagé.

iPRIS, c’est plus qu’un programme : c’est un pont entre cultures, langues et continents pour bâtir un avenir numérique équitable.

Voici les temps forts de la semaine iPRIS à LuxembourgOuverture officielle le lundi avec la présentation des contextes nationaux et des ambitions partagées. Chaque pays francophone présent et via visioconférence a exposé ses priorités : amélioration de la concurrence, déploiement de la fibre, cybersécurité, transparence du marché.
Un objectif commun : « améliorer la connectivité en Afrique subsaharienne. »

Le mardi, les régulateurs africains ont partagé leurs réalités nationales : monopoles persistants, croissance limitée malgré de nouveaux entrants, dépendance aux réseaux voisins. Ces échanges rappellent la diversité des contextes et l’importance d’une régulation adaptée.
Comme le souligne Luc Tapella (ILR) :

La matinée du mercredi a été consacrée à la gestion de projet, avec un focus sur les objectifs SMART et leur lien avec des impacts concrets comme l’extension de la 5G.
Pour Malena, experte européenne de SPIDER et animatrice de cette session :

L’après-midi de ce troisième jour a mis en avant la gestion du spectre, ressource rare et cruciale. Sujet résumé aux propos de Guy Mahowald experte chez ILR :

La journée du jeudi a ouvert un débat riche sur l’impact des grandes plateformes numériques, la souveraineté digitale et l’adaptation des cadres européens (comme le DMA) aux réalités africaines. Discussions franches sur l’équité d’accès aux services, les rapports de force définis par les investissements privés, et l’urgence d’une coordination sous-régionale alliée à un renforcement des capacités nationales. Selon deux expertes européennes qui ont animée les sessions du jeudi :

Ce vendredi, à l’ILR les délégués iPRIS travaillent main dans la main avec leurs experts. Chaque groupe affine son projet avec un accompagnement ciblé, tandis que Ms. Malena Liedholm Ndounou et M Cheikh Sadibou Sakho de SPIDER apportent un appui précieux pour transformer les idées en plans d’action concrets.

Une journée décisive pour réfléchir à la régulation de demain, entre innovation technologique et inclusion.

Après une première semaine riche en échanges sur la gestion de projet et du spectre, les deux prochaines semaines seront consacrées à des thèmes touchant aux piliers de l’Offre Européenne Conjointe : sécurité et résilience des réseaux, numérotation et adressage, protection des consommateurs, déploiement haut débit, interopérabilité et nouveaux enjeux réglementaires. Les régulateurs africains, aux côtés de leurs pairs européens, traduiront ces apprentissages en initiatives de changement concrètes pour combler la fracture numérique.

Ces sessions riches de la phase Europe pour le cycle 2025C confirment l’importance d’investir dans les régulateurs télécoms, véritables garants d’un avenir numérique inclusif pour l’Afrique. 

Depuis son lancement, iPRIS a déjà impliqué 24 régulateurs nationaux des télécoms en Afrique subsaharienne :
Le Kenya, le Nigeria, le Ghana, la Namibie, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, l’Ouganda, la Zambie, l’Eswatini, la République centrafricaine, le Tchad, les Comores, le Congo-Brazzaville, la Mauritanie, le Sénégal, le Togo, le Lesotho, l’île Maurice, le Rwanda, la Gambie, le Soudan du Sud, le Libéria, le Zimbabwe et la Sierra Leone.

Les organisations sous-régionales comme ARTAC,ARTAO, CRASA et EACO jouent aussi un rôle central dans la structuration de l’écosystème numérique.

D’ici 2028, iPRIS prévoit de collaborer avec des régulateurs nationaux et régionaux dans 43 pays pour stimuler la prospérité sociale et économique grâce aux TIC. Les régulateurs télécoms sont la clé pour garantir l’accès, la concurrence, la protection des consommateurs et l’innovation.

Voix des régulateurs nationaux de la cohorte 2025, actuellement à Luxembourg pour la phase Europe d’iPRIS

 

 

iPRIS est coordonné et mis en œuvre par SPIDER en partenariat stratégique et technique avec l'Autorité suédoise des postes et des télécommunications (PTS) et l'Institut luxembourgeois de régulation (ILR).

Le programme est financé par l’Union européenne, la Suède et le Luxembourg, dans le cadre de l’Initiative Équipe Europe D4D pour l’économie et la société numériques en Afrique subsaharienne (Code : 001).