Du 7 au 24 septembre 2025, la sixième cohorte iPRIS s’est réunie à Luxembourg, sous l’égide du SPIDER et de l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR). Cette rencontre a rassemblé des régulateurs nationaux venus du Bénin, du Burundi, du Cameroun, du Gabon, de la Guinée, de la Republic du Congo et de la Guinée équatoriale, ainsi que des organisations sous-régionales (ARTAO, EACO, ARTAC, CRASA). Aux côtés de ces acteurs africains, des partenaires européens tels que l’ARCEP France, le BNETZA, l’IBPT et Deloitte ont enrichi les échanges.

Selon l’Union internationale des télécommunications, près de 2,6 milliards de personnes restent encore non connectées dans le monde. Ce chiffre souligne l’urgence d’élaborer des politiques publiques adaptées pour garantir une connectivité inclusive et durable.

iPRIS : un modèle d’apprentissage entre pairs

Financé par l’Union européenne, la Suède et le Luxembourg, iPRIS constitue un programme phare de l’initiative Team Europe Digital for Development (D4D). Son approche repose sur l’apprentissage entre pairs et la co-création, permettant aux régulateurs africains et européens de confronter leurs expériences et de construire ensemble des écosystèmes numériques résilients.

La cohorte 2025C s’inscrit dans la continuité des précédentes éditions francophones et anglophones. Elle consolide une communauté de pratique où les régulateurs partagent leurs défis, adaptent des modèles étrangers à leurs contextes nationaux et conçoivent des Initiatives de Changement adaptées à leurs priorités locales.

Trois semaines pour progresser de la technique à la stratégie

Poser les bases techniques

La première semaine a jeté les fondations techniques de la réflexion. Les échanges ont porté sur la gestion du spectre, l’accessibilité et les cadres institutionnels. Les participants ont partagé des défis spécifiques, tels que la concentration du marché au Gabon ou les inégalités de couverture en zones rurales en Guinée équatoriale.

Les experts européens de l’ILR, de l’ARCEP France et du BNETZA ont mis en avant les principes d’indépendance, de transparence et de gouvernance multisectorielle. Pour Luc Tapella (ILR) et Bernice Edande (ARCEP Gabon), l’harmonisation régionale demeure une condition essentielle à une régulation équitable et efficace.

Inclusion, confiance et résilience

La deuxième semaine a ouvert la réflexion sur les dimensions sociales de la régulation. Les participants ont travaillé sur l’équité numérique, la cybersécurité, la confiance et la protection des consommateurs.

Sadibou Sakho a rappelé que « la connectivité n’est significative que si elle transforme les vies », plaidant pour une approche sensible au genre et centrée sur l’utilisateur. Katja Sarajeva, intervenant sur le cadre SERA (suivi, évaluation, redevabilité et apprentissage), a présenté l’évaluation comme un outil de transparence et d’adaptation. Asmaa Ouraini a insisté sur la cybersécurité comme une responsabilité souveraine, appelant à des défenses en couches et à une culture de la confiance numérique.

Dans le même temps, l’ILR et l’IBPT ont présenté des modèles de protection des consommateurs et de gestion des ressources de numérotation. SPIDER a complété cette dynamique avec des sessions pratiques sur la planification SMART, aidant les régulateurs à traduire leurs apprentissages en plans d’action concrets.

De la vision à l’action

La troisième semaine a permis aux participants de finaliser leurs Initiatives de Changement grâce aux retours croisés de leurs pairs et d’experts. L’accent a été mis sur l’intégration de données désagrégées, notamment par genre, afin de mieux représenter les réalités des utilisateurs.

Les sessions consacrées à la budgétisation ont été repensées comme des instruments d’équité et de participation. Comme l’a souligné Sophie Steichen (ILR) : « Mettre l’utilisateur au centre, c’est lui redonner du pouvoir. »

Au-delà de l’échange

Outre les sessions formelles, la cohorte a bénéficié de visites à SES, POST Luxembourg et à la Cour de justice de l’Union européenne. Ces immersions institutionnelles ont offert des perspectives concrètes et favorisé des échanges informels, renforçant les liens de confiance et les réseaux professionnels.

Réflexions et perspectives

Cette sixième cohorte a démontré que la régulation ne peut être réduite à un exercice technique. Elle est avant tout sociale, adaptative et contextuelle. Les réalités africaines et les modèles européens, mis en dialogue, se sont mutuellement enrichis, ouvrant la voie à des solutions innovantes et partagées.

Les Initiatives de Changement conçus par les régulateurs entreront désormais dans leur phase de mise en œuvre, avec un suivi assuré de SPIDER et l’ILR. L’ensemble du réseau iPRIS demeure ainsi une plateforme vivante de collaboration et de transformation.

En reliant les continents autour d’une mission commune, iPRIS affirme une conviction forte : la régulation inclusive et responsable est la clé d’un avenir numérique équitable et durable.

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