17 au 21 novembre, Stockholm, Suède 

TL;DR

  • Six ANR africaines (Ghana, Kenya, Lesotho, Malawi, La Gambie, Botswana) et trois ORR (ARTAO, EACO, ARCAA) ont participé à la première semaine de formation iPRIS à Stockholm.
  • Chaque pays a présenté son initiative pour le changement : feuilles de route spectrales, réseaux communautaires, régulation de l'IA, protection des consommateurs, et infrastructure numérique sécurisée.
  • Les sessions PTS ont couvert l'indépendance réglementaire, le déploiement du haut débit, la cartographie basée sur les données, et la protection de l'utilisateur final.
  • SPIDER a animé des ateliers de gestion de projet pour affiner les initiatives avec des objectifs clairs et des indicateurs mesurables.
  • La semaine a établi les bases d'un apprentissage entre pairs et d'une collaboration intercontinentale pour renforcer les capacités réglementaires en Afrique.

La première semaine d'un programme intensif réunissant des autorités nationales de régulation africaines et des experts européens s'est déroulée autour de son objectif commun: renforcer les capacités institutionnelles et façonner des initiatives pour le changement porteuses pour les écosystèmes numériques africains.

Six autorités nationales de régulation - NCA Ghana, LCA Lesotho, BOCRA Botswana, PURA La Gambie, CA Kenya et MACRA Malawi - ont participé à cette semaine d'apprentissage par les pairs, accompagnées par les organisations sous-régionales de régulation ARTAO, EACO et ARCAA. Les journées ont alterné entre présentations nationales, sessions techniques animées par l'Autorité suédoise des Postes et Télécoms (PTS) et ateliers de gestion de projet pilotés par SPIDER.

Lundi: Six pays, six visions institutionnelles

La semaine a débuté par la présentation des initiatives pour le changement portées par chaque autorité nationale. Edem Debrah, de la NCA Ghana, a exposé un projet ambitieux de feuille de route spectrale nationale couvrant la période 2025-2035, destinée à harmoniser les politiques fragmentées et à anticiper les besoins futurs en spectre pour la 5G, l'Internet des Objets (IoT) et les services satellitaires. Thomas Luti, de la CA Kenya, a présenté une étude de faisabilité sur les réseaux communautaires visant à connecter 2,2 millions de personnes dans 19 comtés encore mal desservis.

Le Lesotho, représenté par Alex Maama, s'est concentré sur la préparation réglementaire face à l'intelligence artificielle et aux technologies émergentes. «La LCA comprendra l'état actuel et travaillera de manière proactive sur la politique requise pour réguler efficacement les technologies émergentes pour le bien du pays», a-t-il déclaré. Nicholas Kanyenda du MACRA Malawi a défendu le renforcement de la protection des consommateurs par des accords de niveau de service contraignants et une surveillance automatisée des pannes.

Les deux équipes du BOCRA Botswana ont présenté des initiatives complémentaires: l'établissement d'une infrastructure nationale à clés publiques pour sécuriser les services gouvernementaux numériques, et le renforcement des capacités techniques face aux défis posés par les opérateurs satellitaires LEO comme Starlink. Dawda Jammeh, de PURA La Gambie, a souligné l'urgence de centraliser la gestion du spectre et de déployer leur nouveau véhicule de surveillance spectrale.

Edna Soomre de SPIDER a rappelé aux participants le principe fondateur du programme: «Nous voulons vous conduire vers les résultats de vos initiatives pour le changement. Vous avez les réponses parce que vous connaissez le contexte».

Mardi: Indépendance réglementaire et cadres Européens

La deuxième journée a exploré les fondements institutionnels et juridiques de la régulation efficace. Alexandra Högberg a ouvert avec une session sur la gestion de projet, insistant sur l'importance de définir clairement les objectifs: «La clarté de l'objectif est ce qui maintient un projet ancré lorsque tout autour de lui change». Lars Gustafsson a retracé l'évolution du marché suédois des télécommunications, montrant comment la régulation doit s'adapter aux transformations technologiques.

Per Andersson et Antonia Wopenka ont ensuite détaillé les cadres institutionnels qui soutiennent l'offre commune européenne. Per a expliqué le modèle constitutionnel suédois où les ministères établissent les politiques générales mais ne peuvent intervenir dans les décisions réglementaires individuelles. «L'indépendance n'est pas symbolique. C'est la garantie constitutionnelle qui assure que les décisions sont prises sur la base du droit, non de la politique», a-t-il souligné.

Antonia a présenté le code européen des communications électroniques et les nouveaux instruments de l'UE, notamment la loi sur l'infrastructure gigabit et la réglementation sur l'intelligence artificielle. «Les règles harmonisées sont importantes parce que les marchés numériques ne s'arrêtent pas aux frontières nationales», a-t-elle rappelé.

Mercredi: Cartographie, déploiement et données probantes

La troisième journée s'est concentrée sur les infrastructures haut débit et l'importance des données dans la prise de décision réglementaire. Andreas Wigren a présenté le parcours suédois en matière de déploiement du haut débit, soulignant que «le soutien de l'État fonctionne mieux lorsqu'il complète le marché, plutôt que de le remplacer». Jens Ingman a démontré l'utilisation des systèmes d'information géographique pour guider les investissements: «Une bonne cartographie est la base de bonnes décisions. Sans données précises, vous ne pouvez ni planifier ni réguler efficacement».

Les contributions des ANR africaines ont enrichi les discussions. Le Ghana a évoqué les défis de stimulation du déploiement dans les zones à faible rentabilité commerciale. Le Kenya a souligné la pertinence croissante des outils SIG pour orienter le déploiement de la fibre et l'expansion de la 4G. Le Malawi a exprimé son intérêt pour les systèmes de cartographie capables de prédire la demande en zones rurales.

L'après-midi, les participants se sont rendus au siège de PTS pour une session technique sur les communications sécurisées animée par Per Erik Vitasp, Gustav Söderlind et Joakim Aspengren, suivie d'une réception en soirée favorisant les échanges informels entre pairs.

Jeudi: Protéger l'utilisateur final et garantir l'inclusion

La quatrième journée a mis l'accent sur les dimensions sociales de la régulation. Lisa Gurner a présenté l'approche européenne de la protection de l'utilisateur final, expliquant comment les règles de transparence, les procédures de changement d'opérateur et la supervision préventive créent un marché où les consommateurs peuvent prendre des décisions éclairées. 

«La protection de l'utilisateur final ne concerne pas seulement les règles. Il s'agit de créer un marché où les gens peuvent avoir confiance que l'information qu'ils reçoivent est claire, juste et compréhensible», a-t-elle déclaré.

Hans von Axelson a exploré l'inclusion numérique et les mécanismes pratiques qui garantissent l'accessibilité pour tous, y compris les personnes handicapées. «L'accessibilité n'est pas une faveur. C'est un droit, et elle doit être intégrée dans chaque décision qui façonne l'environnement numérique», a-t-il affirmé.

L'après-midi, Claes Hultholm et Jesper Simons ont détaillé le système suédois de numérotation et d'adressage. Ils ont expliqué comment PTS alloue les ressources, supervise leur utilisation et récupère les numéros inutilisés pour éviter la pénurie. «Un plan de numérotation est une ressource nationale. Il doit être géré avec soin, transparence et prévoyance», a souligné Claes Hultholm. Les contributions des ANR africaines ont révélé des défis similaires: pénuries de numéros, gestion de la fraude et besoin de processus d'allocation transparents.

Vendredi: Préparer l'avenir et affiner les projets

La semaine se conclura par des sessions prospectives sur les tendances réglementaires futures et la gestion du spectre, animées par Bo Andersson, Amela Hatibovic, Gustav Lenninger et Fredrik Johansson. SPIDER organisera également un atelier pratique pour affiner les initiatives pour le changement, garantir leur faisabilité et renforcer les indicateurs de suivi. La journée se terminera par une évaluation collective et une visite culturelle du Palais royal de Stockholm.

Des fondations solides pour un cycle transformateur

Cette première semaine a établi un cadre robuste pour le travail de la septième cohorte iPRIS. En combinant apprentissage entre pairs, expertise technique européenne et accompagnement méthodologique, le programme a permis aux ANR africaines de consolider leurs initiatives pour le changement et de construire des liens professionnels durables. Les semaines à venir approfondiront ces acquis et accompagneront la mise en œuvre concrète des projets nationaux visant à renforcer les écosystèmes numériques africains.

iPRIS est coordonné et mis en œuvre par SPIDER en partenariat stratégique et technique avec l'Autorité suédoise des postes et des télécommunications (PTS) et l'Institut luxembourgeois de régulation (ILR).

Le programme est financé par l’Union européenne, la Suède et le Luxembourg, dans le cadre de l’Initiative Équipe Europe D4D pour l’économie et la société numériques en Afrique subsaharienne (Code : 001).